Menu
Libération
Critique

Chair fraîche. XXL, 0 h 00.

Article réservé aux abonnés
publié le 17 janvier 2000 à 21h54

Le porno a toujours existé. J.F. Rauger le théorisait en images

turgescentes dans Un siècle de plaisir. Une anecdote en dit pourtant plus long que toutes les histoires du cinéma bis. Comme on dit à la télé, «Picture yourself, Hollywood, 1963»: Axel Madsen, représentant des Cahiers du cinéma à Hollywood, exhibe fièrement, il a des raisons de l'être, un film cul noir et blanc, culte, muet, sans doute tourné à Tijuana, bordel américano-mexicain hanté par les Moods à venir de Charlie Mingus. Une actrice au corps laiteux s'y fait enfiler par un chien loup, après qu'il eut essayé vainement, maladroitement, de la pénétrer à sec. Quand la pauvre bête a enfin pris enfin son plaisir, un plaisir bref, très bref, et que la belle n'a évidemment pas pris le sien, elle a un extraordinaire geste de la main, un geste qu'aucun cinéaste n'aurait osé imaginer. Un geste tendre, sur la tête du chien, comme pour flatter l'amant d'un jour. ça, ça ne s'invente pas.

Un porno, c'est l'enfance du cinéma dans sa plus belle candeur, sa franche énergie, ses éjaculations d'images. Raison de plus pour aller voir du côté d'XXL, chaîne champion du groupe AB dont les spectateurs ne débandent pas dès la nuit venue (se passer des sports extrêmes de la journée, gratuits et accessoires, pour aller à l'essentiel). Plutôt qu'à l'esthétisme daté de Paris chic, travelogue vaguement lesbien signé Andrew Blake, le «Scorsese du cul» (prévu le 30 janvier à minuit), on s'attachera à un autre type d'esthétisme hard, d'un man