Thomas Sipp est un grand garçon aux yeux clairs. Sa taille l'aide
souvent à prendre de la hauteur, ce qui ne nuit pas forcément à la réalisation de documentaires. Quelques curieux virent naguère de lui ACD, consacré à un papetier d'un quartier très parisien, que l'on aurait pu croire descendant de Marcel Duchamp. Plus récemment, car il est fidèle, il a filmé le même homme dans son rituel hebdomadaire de coupage de frites, le 11 août 1999, jour de l'éclipse. Ces films n'auraient en fait rien pour plaire à la télévision. Trop simples peut-être. Pas assez bavards. Mais Thomas Sipp doit être chanceux et ce soir, voici l'étrange voyage au sommet d'une montagne de 2 200 mètres d'altitude, dans le monde de Paco, gardien d'hôtel abandonné, vide de clients et de personnels depuis plus de trente ans. Paco comptabilise quarante années de travail à l'hôtel Humboldt, oublié depuis les années 60 au-dessus de la capitale vénézuélienne. Il a commencé comme mécanicien au téléphérique que le général Marcos Perez Jimenez, dictateur d'alors, fit construire pour accéder à ce sommet d'extravagance hôtelière. Aujourd'hui, il est gardien, plombier, électricien, jardinier, etc. «Vous pensez être dans le plus bel endroit de Caracas?» «Oui, et l'hôtel Humboldt est le meilleur hôtel du Venezuela», confie Paco à des journalistes venus flairer un peu le lieu, le jour où le gouvernement entend le vendre à un investisseur privé. Les journalistes ne font que passer dans cet hôtel à l'abandon. Thomas Sipp es