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Libération
Critique

Prise dans la toile. L'univers de la folie, capté à travers les peintures de Diane. «Les yeux du coeur», documentaire de Martin Duckworth et Glen Salzman. Planète, 13 h 55.

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publié le 17 janvier 2000 à 21h54

Elle dit: «Je pense qu'il est là», et désigne un point invisible sur

sa toile où se cache le visage qu'elle doit faire advenir. Elle dit aussi: «Je vais me délier et je ne reviendrai plus jamais.» Elle, ou peut-être la petite fille en elle, prisonnière, Michelle. Celle qui, enfant, n'avait jamais le droit de se mettre en colère parce qu'alors son père «ne pouvait s'empêcher de la violer». Diane vient régulièrement dans cet hôpital psychiatrique de Montréal, quand elle sent qu'elle commence à se dissocier. La dissociation est le symptôme cardinal de la schizophrénie, une manière de ne pouvoir accorder les mots avec les sentiments qu'ils sont censés exprimer, mais est-ce bien important ici, face à Diane qui peint? Les auteurs de ce documentaire ne nous infligent aucun des commentaires ordinaires sur les différentes figures de la folie, pardon, de la santé mentale. Ils n'interviennent que caméra à l'épaule, tentent de figurer l'enfermement de la petite fille qui devait cacher ses dessins sous le plancher pour que ses parents ne les voient pas, parce qu'elle s'y mettait très en colère. Ils filment Diane peignant une fresque murale, d'autres malades encore et l'on se prend au fil des images à désirer pénétrer cet univers capté, captif. Curiosité malsaine? Peut-être. C'est que Diane séduit. A tel point que l'on doute du diagnostic posé. On n'est pas tout à fait sorti du débat sur la définition de la folie, initié par le docteur Philippe Pinel, fondateur de la psychiatrie moderne,