A magnétoscoper de toute urgence pour comprendre la géopolitique
actuelle. On pourra certes reprocher à Pierre Abramovici d'achever son documentaire de manière un peu expéditive (la guerre du Golfe est à peine évoquée), mais, après tout, ces pages récentes de l'histoire devraient encore être dans les mémoires. A juste titre, l'auteur a préféré se concentrer sur une période occultée par nos manuels scolaires, où le nationalisme arabe se résume généralement à l'affaire du canal de Suez. Grâce à un subtil montage d'images d'archives rares des vues de Constantinople, des petits écoliers dans le Beyrouth des années 30, la propagande de 1956 où l'on qualifie Nasser de «Führer des arabes» il remonte aux derniers jours de l'Empire ottoman (au tout début du vingtième siècle) pour retracer, pas à pas, la marche souvent sanglante des indépendantistes arabes. Encouragés par le traité de Versailles qui prônait «le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes», les nationalistes des provinces sous mandats britannique et français ont tôt fait de déchanter sous le feu de la répression. La France, qui est allée jusqu'à inviter le souverain Fayçal à l'exposition coloniale pour lui inculquer les bienfaits de la chose, envoyait aussi régulièrement des tirailleurs sénégalais pour mettre bon ordre au Proche-Orient. Une large place est consacrée au problème palestinien déclenché par les erreurs accumulées par l'Angleterre lors de la décolonisation et au sionisme, ennemi commun qui fut longtemp