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Libération
Critique

Rat Boy. Cinéstar 2, 21h.

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publié le 20 janvier 2000 à 21h50

Enfance du cinéma, toujours reconvoqué, renouvelé, en dépit des

pires pronostics. Rat Boy, c'est son nom, éblouit ses rares spectateurs dès sa première projection française, il y a plus de treize ans, au festival de Deauville. Il y faisait figure d'outsider poétique. Inattendu, mineur, éblouissant. Le cinéaste était une cinéaste, actrice délicate, Sondra Locke, connue pour ses rôles frêles dans les westerns violents de son amoureux d'alors, Clint Eastwood (la séparation, à ce qu'on en sait aujourd'hui, fut extraordinairement âpre, douloureuse, mesquine ­ consulter les magazines people du siècle dernier pour plus d'infos). Sa carrière de cinéaste, après Rat Boy, fut décevante et pour le moins irrégulière. N'empêche: on peut préférer les maladresses et le fantastique social tardif de Rat Boy à la plupart des oeuvres surévaluées de l'ancien justicier macho d'extrême droite, reconverti un peu vite en John Ford du western mythologique. Ce que Sondra Locke disait (Libération, 11/09/86) du cinéma américain, souvent «trop travaillé, manquant de vrais personnages, impersonnel jusqu'à l'impolitesse», pourrait d'ailleurs s'adresser à un certain Clint Eastwood. L'histoire? Une femme trouve un «rat-boy», tente de le vendre à Hollywood pour quelques dollars, quelques dollars de plus, avant de comprendre qu'un enfant-rat est un enfant comme les autres. Mince? Moins qu'Elephant Man dont Rat Boy évite la pesante reconstitution historique et le chantage naturaliste à l'émotion. Ici, tout est