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Libération

Après coup. Mon beau curé.

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publié le 21 janvier 2000 à 21h48

Physiquement, le père Louis Page, nouveau bon-à-tout fictionnel de

France 2, est le top curé dont rêve la jeune fille qui sommeille en tout téléspectateur panelisé: vêtu de noir, c'est un beau brun à réveiller les vierges en ex-voto. En le voyant débarquer mardi, sac au dos pour un nouvel épisode, en Bourgogne sur le chemin de Compostelle, on songe un instant au film de Pasolini, Théorème. Un ange superbe, Terence Stamp, y viole par séduction une famille entière, et lui donne chair. Mais la naissance du désir, en réveillant chacun, bouleverse tout. Hélas! Si tout le monde, mardi, a visiblement très envie de se taper l'acteur Frédéric Van den Driessche, le bon père qu'il incarne, lui, est un abstinent médiateur de service public. Il ne fornique point: ni avec la mère, ni avec le père, le fils ou le Saint-Esprit. Ni même avec le chien. Il rapièce le tissu humain déchiré, gentiment, de ville en ville. Ce jour-là, il réconcilie quelques Bourguignons avec leurs Armagnacs, des gitans qui vivent près de la décharge et se méfient du «gadjo» en grattant autour du feu, comme dans les Bijoux de la Castafiore. Scène un: Louis Page entre en col roulé dans un bistrot au moment où le fils du maire et son pote cognent, dans l'indifférence générale, sur le bel Antonio (genre Banderas à vingt ans) parce qu'il aime la soeur du premier (la fille du maire, donc). Page se défait en une demi-seconde de son sac à dos, sépare les belligérants et protège le minoritaire, qui menace de mort ses ennemis.