Sur le plateau de Mots croisés (France 2), tout le monde est bien
vêtu, courtois, de bon ton. Le thème, ce lundi, est la violence à l'école. Les proviseurs présents sont très bien; les profs, inquiets et concernés; les juges, trop humains; les mères de famille, pleines de coeur et de boucles d'oreilles dorées; et les enfants blonds se taisent, comme pendant les repas, naguère, chez les bourgeois, en figurants bien élevés. Dommage que l'école n'en compte pas plus comme ça, pas vrai? Soudain, comme fatigué, François Bayrou déclare en souriant, de ce sourire qui paraît forcé, pris dans un corset de chair gênée ou timide: «Le problème, quand on fait une émission comme ça, c'est que les proviseurs et les enseignants invités sont toujours formidables"» «Mais les hommes politiques aussi, vous savez!» ironise (ou flatte, ou les deux) l'animatrice Arlette Chabot. Le sourire constricteur de Bayrou se prolonge: «Oh! Les hommes politiques, on en dit suffisamment de mal pour qu'il y ait très longtemps qu'ils aient oublié cette idée d'eux-mêmes.» Cette phrase alambiquée annonce le leitmotiv du président de Force démocrate: il s'est fait une spécialité de rappeler au monde que la politique est méprisée; que ceux qui en font sont mal-aimés; et donc que lui, Bayrou, portant avec une douloureuse conscience sa croix d'élu, gravit lentement (mais sûrement?), sous les insultes du public, le Golgotha électoral et audiovisuel. Il n'est pas le seul à dire ça; mais il est le plus constant. Il fait