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Libération
Critique

L'annonce faite aux parents. Faire accepter son homosexualité, ce n'est pas toujours gagné. «Juste une question d'amour», téléfilm, France 2, 20 h 55.

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publié le 26 janvier 2000 à 21h41

Il est troublant de se dire que quelques jeunes gens, ici ou là,

vont peut-être prendre une décision importante suite à ce téléfilm de Christian Faure. Juste un peu d'amour raconte avec simplicité le dilemme de Laurent, 23 ans, étudiant en agronomie, qui a organisé sa vie de façon à vivre son homosexualité tout en la cachant à ses parents. Pour quelques pédés et lesbiennes triomphant à juste titre sur un char à plumes lors de la Gay Pride parisienne annuelle, combien, aujourd'hui encore, cachent la vérité à leurs proches pendant des années, par crainte de leur faire du mal, par crainte d'être rejetés et de les perdre? Tous ne sont pas sortis du placard honteux, et ce modeste téléfilm bien fichu, d'une justesse et tendresse étonnantes, vient leur filer un coup de main en prenant joliment en charge quelques portraits de parents bouchés à en crever, dont il refuse pourtant de désespérer. Si l'amour de Laurent et de Cédric est convaincant (Cyrille Thouvenin et Stéphan Guérin-Tillié à croquer), si une fille-à-pédé et une mère aimante (Eva Darlan) introduisent un féminin compréhensif et malicieux, c'est dans l'esquisse des parents de Laurent, dignes pharmaciens d'un bled, que le film prend des risques et ramasse le paquet. Montrer des personnages odieux et montrer qu'il n'en est rien. Filmer un père qui préférerait son fils mort que pédé, et filmer que ce n'est pas un salaud. Le film montre cette absurdité, se rendre malade pour ça, haïr et chasser pour ça, la vie trop courte pour