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Libération
Critique

Le moineau de la Tamise. Ciné Classics, 1 h 10.

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publié le 26 janvier 2000 à 21h41

On a parlé un peu vite, à propos des oeuvres souvent inconséquentes

de l'auteur de ce film désuet, de «négulesconneries». Il faut pourtant avouer qu'entre 1941 (Singapore Woman) et 1955 (Daddy Long Legs), Jean Neguslesco, cinéaste américain d'origine roumaine, ayant connu Modigliani et Brancusi à Paris, nous a laissé une vingtaine d'excellents films, dont trois sont des petits bijoux. Plutôt que Comment épouser un millionnaire, avec Marilyn, ou le délicieux Titanic (1953), on retiendra le Masque de Dimitrios (1944), film-culte de l'envergure de Mr. Arkadin, selon certains, qui marie avec un joli raffinement noir l'obésité narquoise et nonchalante de Sidney Greenstreet aux allures définitivement louches de Peter Lorre. Negulesco tournera d'ailleurs trois des huit films de ce couple étrange, révélé, en 1941, dans le Faucon maltais, un film sur lequel il avait beaucoup travaillé avant de se voir souffler le projet par Huston. Les deux autres films mémorables de Negulesco sont Johnny Belinda (1948), avec Jane Wyman, et Take Care of My Little Girl (1951), une sorte de version féminine de Thé et sympathie, le chef-d'oeuvre de Minnelli tourné cinq ans plus tard.

Le Moineau de la Tamise (Mudlark, 1950), sans être l'oeuvre majeure de Negulesco, est un film historique attachant. Ecrit et produit par Nunnally Johnson, presque sans costumes, il se passe à Londres pendant le règne de la reine Victoria. Sur les berges boueuses de la Tamise, un enfant sale et dépenaillé, petit clodo cockney,