A quelques mois de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Walsh
tourne un de ces films légendaires, Aventures en Birmanie, consacré à un conflit plus obscur, celui qui opposa les Américains aux Japonais en Birmanie pour le contrôle de la route stratégique qui mène à la Chine. D'un strict point de vue militaire, Aventures en Birmanie est d'une telle simplicité, d'un tel didactisme documentaire, d'une précision et d'une transparence si extraordinaires, que le film a servi ce n'est pas une légende de manuel d'instruction militaire aux soldats israéliens. Plus qu'une anecdote, il faut lire dans cet étrange souvenir de guerre une traduction littérale de l'art walshien, mélange inextricable d'onirisme fantastique et d'hyperréalisme nerveux, attentif, maniaque. Seul Mizoguchi, fantôme d'un temps où l'on croyait bêtement, béatement, à l'immortalité du cinéma, peut prétendre à une telle transparence rêveuse. Quoi de plus proche, au fond, qu'une épopée walshienne (The Revolt of Mamie Stover, l'Esclave libre) et une saga mizoguchienne comme l'Impératrice Yang Kwei Fei ou le Héros sacrilège?
Dans Aventures en Birmanie, Errol Flynn promène ses élégantes langueurs un rien yankees, un rien teutonnes. Double idéal de Walsh avec lequel il tourna ses plus beaux films (Silver River, They Died With Their Boots On, Gentleman Jim, Desperate Journey"), Errol Flynn est lui aussi, comme Walsh, comme Mizoguchi, le fantôme d'une époque lointaine où les acteurs étaient mystérieux, distants, chaleure