La présence au générique d'un même film de Georges Lautner, Bernard
Blier et Francis Blanche n'est pas forcément synonyme de franche rigolade. Pour preuve, ce méconnu Septième Juré (1962) qui fait davantage penser à un polar glauque de Simenon qu'à une parodie de série noire façon Tontons flingueurs. Bernard Blier retrouve ici un rôle qu'il a beaucoup tenu à ses débuts: celui d'un homme médiocre, refoulé, lâche, sur qui s'abattent tous les malheurs du monde (voir le pianiste faux coupable de Quai des orfèvres ou le mari cocu de Manèges, entre autres). Ici, l'autre BB du cinéma français prête sa rondeur bonasse et ses traits de faux cul à un personnage de pharmacien bien sous tous rapports qui, dans un moment d'égarement, devient criminel sexuel. L'apothicaire culpabilise d'autant plus qu'un coupable idéal est arrêté: un gigolo qui a vécu aux crochets de la victime, la prostituée favorite des notables de la ville. Pire, BB se retrouve contre son gré juré au procès de l'innocent. Tout cela se terminera mal, mais d'une manière inattendue.
En 1962, la Nouvelle Vague avait déjà largement déferlé sur le cinéma français. Le Septième Juré est pourtant resté bien au sec. Le film de Lautner cumule toutes les tares de la «Qualité française» de l'après-guerre: adaptation exagérément littéraire avec des dialogues surchargés de mots d'auteur (et malheureusement sans le brio d'un Audiard), psychologisme à outrance, noir et blanc hypertravaillé mais davantage pour faire joli que pour faire