Menu
Libération
Critique

Scènes de rue ordurières à Freetown. Overdose de violence en Sierra Leone pendant la guerre civile. «Cry Freetown», reportage (en anglais non sous-titré), CNN, 22 h.

Article réservé aux abonnés
publié le 3 février 2000 à 22h27

Attention, ce reportage ne sera pas précédé par un clignement de

paupières judéo-chrétien de Claire Chazal, destiné à signifier le caractère terrible «des images que vous allez voir». Voici un enfant. Il hurle qu'il n'a rien fait. Il est venu à Freetown pour couper du bois. Il suffit de demander à son patron qui le confirmera. Le rebelle ne demande pas à son patron. Il lui tire une rafale de mitraillette dans le corps. La caméra filme toute la scène, passe et repasse sur le corps du gamin, dont s'échappe un bouillon de sang frais. Bienvenue à Freetown en Sierra Leone, en janvier 1999, en pleine guerre civile. Les images ont été tournées par Sorious Samura, un cameraman local, qui, au moment où journalistes et organisations humanitaires quittaient la région pour cause de tuerie ambiante, décidait de rester pour filmer. «Si ce pays n'était pas le mien, je serais parti comme les autres», affirme-t-il dans son commentaire en voix off. Cry Freetown fonctionne à la fois comme un témoignage personnel (Samura se met un peu lourdement en scène, revisite les lieux des massacres dans un Freetown provisoirement pacifié) et un document très CNN live, soit un bout à bout de violences que les journaux télévisés ne montrent plus depuis longtemps. Peu ou pas d'explications sur les origines du conflit, juste la violence brute et malgré tout signifiante (sur le genre inhumain). Ainsi apprenons-nous les subtilités du tabassage d'enfant, les mains tordues derrière le dos, des coups de rangers su