Trois mouches s'agitent sur un fond coloré. Ou plus exactement:
trois truands anglais pas très causants traversent en voiture une Espagne de carte postale. The Hit, mi-thriller psychologique, mi-road movie, embarque ses personnages dans une course absurde, dont seule l'issue est certaine: il y aura du sang au bout de la route. En attendant, la caméra va épier les micromouvements qui rapprocheront les héros de ce huis clos carrossier. En 1984, deux ans avant My Beautiful Laundrette, l'inconnu Stephen Frears démontrait déjà un singulier talent de cinéaste. Le film a surpris à l'époque: il ne ressemblait à rien de très connu. La trame est a priori celle d'un policier. Terence Stamp a balancé ses copains de la Mafia pour échapper à la prison. Le mouchard s'est réfugié en Espagne, où il sait qu'un jour ou l'autre ses anciens acolytes viendront lui régler son compte. Les tueurs débarquent dix ans après, et ils veulent ramener Stamp à Paris pour une exécution dans les formes. C'est ce voyage vers la mort que Frears entreprend de filmer. La Mafia a délégué deux tueurs pas banals: John Hurt, du genre mutique, et Tim Roth (celui dont l'inceste fut récemment «médiatisé»), un chien fou. Pour eux, c'est boulot-boulot. Pourtant, cette relation triangulaire en terre étrangère va peu à peu prendre une étrange épaisseur. Le film séduit parce qu'il ne démontre rien. Stephen Frears alterne plans larges de paysage écrasants (on se croirait au Nouveau-Mexique) et brefs dialogues des compagnons