Menu
Libération
Critique

Toulon à Front découvert. Parole donnée aux «vraies gens» d'un bastion du FN. «Toulon a horreur du vide», documentaire de Gerry Meaudre et Claude Ardid. France 2, dimanche, 0 h 50.

Article réservé aux abonnés
publié le 5 février 2000 à 22h24

Le film s'ouvre sur deux quinquagénaire nostalgiques et amers: «Tout

a changé à Toulon, avant il y avait les Colonies...» Il se clôt sur le serment de foi naïf et un peu forcé de jeunes et lointains descendants du défunt Empire: «Toulon je t'aime»" Entre les deux, un enfant de la ville, le cinéaste Gerry Meaudre, tente de comprendre le destin tragique de la seule commune française de plus de 100 000 habitants dirigée par un maire d'extrême-droite. Sa méthode est simple: donner la parole, longuement, aux «vrais gens», sans souci de représentation socio-économique ou politique. C'est risqué, mais plutôt réussi: pas trop de lieux communs ni de vérités éparses, mais une sorte d'évidence, une grande lumière, comme celle du ciel toulonnais, incroyablement intense, décor de rêve pour un cauchemar en huis clos.

Il y a donc un amiral, qui raconte les atouts stratégiques de la rade et, du coup, l'influence profonde, durable, de la marine militaire sur l'histoire, l'économie et les mentalités de la cité. Il y a des anciens «immigrés» devenus déjà depuis un bail des «intégrés» qui racontent la saveur d'une autre ville, moins soumise aux valeurs d'ordre et d'homogénéité des galonnés, rebelle, bordélique, besogneuse, basanée, avec des gueules de Bizerte, d'Alger ou de Bamako. Il y a un historien et un ex-élu qui racontent comment les politiques locaux, incapables de gérer positivement cette dualité toulonnaise, n'ont su que l'aviver et en jouer de manière malsaine. Ils racontent les méfaits