D'abord ce qui frappe c'est le bruit. Le brouhaha incessant et
obsédant de 700 élèves, les cris, les injures, l'environnement sonore qui vrille les nerfs. Comme un acte de résistance, une prof d'espagnol explique qu'au début de chaque cours elle «offre du silence» à sa classe, car «c'est un tremplin le silence». Le journaliste Jean-Marc Four dans la deuxième partie de son enquête, chronique d'une violence ordinaire au collège, se concentre sur les violences entre élèves dans un collège d'Amiens classé en zone d'éducation prioritaire . On y croise des jeunes profs qui pour leur première affectation s'entendent répondre par des enfants de 11 ans «c'est non, je le ferai pas, rien à foutre», qui ont peur de passer au milieu d'un groupe de collégiens parce que «vous pouvez vous prendre un coup de pied», qui rapportent comment les élèves réprimandés pendant le cours se vengent, à la sortie, sur ceux qui sont restés calmes. Mesuré, le reportage laisse aussi la parole aux jeunes qui ne se privent pas de raconter leur version: «la vérité, ils convoquent toujours les noirs et les arabes!» Jean-Marc Four laisse également la part belle à l'encadrement non-enseignant, surveillants, aide-éducateurs ou encore le conseiller d'éducation «moitié psychologue, moitié général d'infanterie» qui explique comment les toilettes sont ouvertes uniquement pendant les récréations et toujours surveillées. Réalisée en décembre, cette enquête est le parfait antidote aux reportages caricaturaux de la télé, s