Lundi, Jörg Haider est en tournée-promo sur les télés françaises. Il
a répondu sur un canapé autrichien, le matin même, aux questions successives de Patrick Poivre d'Arvor et de Claude Sérillon. Les entretiens sont diffusés au 20 heures. Haider porte un léger pull gris à col ras. Ses cheveux sont en bataille. Il sourit. C'est un moderne qui effectue son examen de passage. Il se dit proche de Tony Blair et ignorant tout de Le Pen. Et comme il est clair qu'il ne dérapera pas, qu'il n'est pas venu ici pour nous dire: «Ach! Fous les Français, fous ne perdez rien bour attendre! Rappelez-vous chuin 40!» l'examen se renverse aussitôt: face à la bête, ce sont les deux présentateurs qui passent leur examen comme, naguère, tel ou tel journaliste face à Le Pen. Et, comme souvent, autant Poivre, précis et patelin, installe une neutralité assez menaçante, autant Sérillon est chaussé d'inoffensifs gros sabots moralistes. «Voici, annonce le présentateur de France 2 avec une moue dégoûtée, ce que nous avons retenu de ces réponses.» On dirait qu'il vient d'extraire une grosse mouche verte d'un étron. On sent même que, s'il ne se retenait pas, il lâcherait après chaque réponse bien léchée de Haider, comme il le fit après une image d'oiseau mazouté: «C'est dégueulasse!» L'élève Sérillon est un bien-pensant, qui flatte plus qu'il informe; qui flatte les bons sentiments. A Haider, il fait subir l'épreuve du portrait chinois, comme chez Pivot. Il lâche les mots «démocratie», «Europe», «nazisme