Lille, correspondance.
Seulement cinq jours et déjà un record. Depuis quarante ans, jamais la rédaction du quotidien la Voix du Nord n'avait tenu une grève aussi longue.
Suivie par les trois quarts du personnel, la grève a démarré jeudi dernier. Les journalistes sont en grève illimitée, les cadres et employés débrayent deux heures par jour, avec pour conséquence un journal qui est sorti trois jours de suite sur une pagination très réduite. Et le mouvement est parti pour durer.
35 heures. Qu'est-ce que demandent les grévistes? L'application «mécanique» des 35 heures, c'est-à-dire 21 jours de repos en plus par an, et l'embauche de 33 journalistes, pour un effectif total de 301. En face, André Soleau, rédacteur en chef adjoint, refuse de dépasser 10 jours de congés: «On me demande de travailler 187 jours par an, or la loi Aubry prévoit un minimum de 217 jours. Comment voulez-vous que les agences tournent avec des journalistes présents un jour sur deux?» En embauchant, répondent les grévistes. La direction prévoit 4% d'embauches, tous secteurs confondus, mais ne veut pas faire de promesses chiffrées aux journalistes.
«Industrialisation». La grève, dure, est le reflet d'un climat qui n'a cessé de se dégrader depuis une dizaine d'années entre journalistes et direction. «Depuis 1993, le contenant dicte le contenu», déplore un militant du Syndicat national des journalistes (SNJ). Un représentant de la CFDT dénonce une «industrialisation» de son travail, qui «vide de sens» son métier. En