«On va y passer la nuit, il faut que je sorte d'ici.» La scène se
passe après l'enregistrement des menuets I et II de la Suite no 2, pour violoncelle seul, de Bach. Yo-Yo Ma en a-t-il assez? Non, c'est une blague. La Suite no 2 en ré mineur, il est tombé dedans à 5 ans et il n'est pas près d'en sortir. Preuve, ce film, troisième de la série, désiré par lui, belle tentative «d'exploration du domaine commun à la musique et à l'architecture, de toutes ces choses qui participent de la tension, de l'espace, des proportions, des matériaux». Ainsi donc, Yo-Yo Ma s'en est allé glaner les gravures de Piranèse dénommées Carceri, les prisons. Pas pour illustrer Bach, non. Pour plonger dedans, parce que les espace musicaux et architecturaux ne doivent jamais cesser d'être croisés. (On ne joue pas dans les églises uniquement à cause de leur bonne acoustique.) Plonger pour de vrai, si, si. Piranèse, même si vous l'ignorez, vous le connaissez, c'est le Vénitien qui dessina ces prisons aux escaliers infinis et en ruine. L'idée de fuite vous taraude, mais quelle fuite au juste. D'où? Les prisons de Piranèse sont l'exact contraire des oubliettes, où l'on ne fait bêtement que mourir. Ici, l'on ne peut que craindre et imaginer. Donc, Yo-Yo Ma dans les prisons. En image de synthèse, mais quelle importance, l'image de synthèse ne devrait jamais dire que notre imaginaire. Pas ressembler à la réalité, cela ne sert à rien. A la vérité. Et ici, côté vérité, on y est.Envoûtement assuré. Certes, on peut