Les lecteurs de Libération ont déjà eu un aperçu sur papier des talents de Dilbert, cet employé de bureau américain désespérément moyen et moyennement désespéré. Il débarque cette fois sur Canal + avec une série de 30 épisodes de 24 minutes chacun, diffusés tous les samedis. Rappelons que Dilbert, ingénieur dans une grosse boîte US, est animé d'un profond et impérieux désir d'échapper à sa condition de bétail économique. Il évolue dans l'univers totalement absurde et irrationnel de la vie de bureau avec ses managers paranoïaques, ses employés sadisés, ses débordements informatiques" Une totale fiction, bien sûr. Dans le premier épisode, il expérimente un devenir-poulet très deleuzien. On s'explique: après avoir effacé malencontreusement les 287 messages à caractère urgent que contenait sa boîte vocale, Dilbert découvre en effet que la société qui l'emploie l'a choisi pour remplacer un autre ingénieur, comme lui, responsable d'un «accident industriel». Seulement, celui-ci a pété les plombs. Après avoir été pris en grippe par le manager, il a commencé à caqueter en réunion. Puis une crête lui a poussé sur le crâne et ainsi de suite. Le même syndrome s'abat donc sur Dilbert. Il devient poule" On l'aura compris: Dilbert exploite à fond une veine anti-entrepreneuriale du meilleur aloi, même s'il reste dans des limites très tolérables pour l'équivalent américain du Medef. Autrement dit, ce n'est pas le South Park de la nouvelle économie. Juste une description gentiment déjantée
Critique
Dilbert, ressource humaine.
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par Emmanuel PONCET
publié le 12 février 2000 à 22h16
(mis à jour le 12 février 2000 à 22h16)
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