Ancien Black Panther devenu journaliste free lance puis chauffeur de
taxi pour boucler ses fins de mois, Mumia Abu-Jamal a eu la mauvaise idée de croiser sur sa route un policier, Daniel Faulkner, le 2 décembre 1981. Cette nuit-là, les deux hommes se retrouvent par terre, dans la rue, avec des balles de pistolet dans le corps. Sans qu'on connaisse précisément les circonstances de «l'incident», le flic meurt. Jamal est blessé gravement. Conclusion du tribunal: Jamal a tué Daniel Faulkner. Il est condamné à mort. Il attend toujours son exécution, évitée de peu le 2 décembre dernier. Quinze ans après les faits (le film date de 1996), le réalisateur John Edginton a mené une contre-enquête, en parallèle de la réouverture du dossier par un célèbre avocat des droits civiques, Leonard Weinglass. Fait après fait, indice après indice, il démonte la mécanique très hâtive qui a mené un jury très blanc (deux jurés seulement étaient noirs) à condamner Jamal à la chaise électrique. Des témoins écartés, des expertises balistiques douteuses, un président de tribunal membre d'un comité local du type «honneur de la police»" Le dossier Mumia Abu-Jamal n'est pas exactement ce qu'on appelle un crime parfait. Pourtant, en 1995, un deuxième procès confirme la condamnation. Outre un examen très didactique des faits et des entretiens avec toutes les parties en cause (ou presque), Edginton a pu rencontrer Jamal. Celui-ci, sorte de Bob Marley rondouillard, raconte «l'enfer rutilant» de sa prison et la