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Libération

Après coup. Les taulards.

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publié le 15 février 2000 à 22h15

Serge Livrozet fut un voleur. De 1959 à 1972, il est souvent en

prison, y passe des diplômes. A la sortie, il écrit et crée, avec Michel Foucault, le Comité d'Action des Prisonniers. C'est le temps des luttes politiques et des mouvements collectifs. Foucault est mort et trente ans plus tard, dimanche à l'heure de la messe, Serge Livrozet apparaît sur le plateau sans grande audience de Droits d'auteur (La Cinquième): on publie une nouvelle édition de son livre, De la prison à la révolte, mais c'est pas Deviers-Joncour. Ce fort-en-gueule devenu fort-en-thème répète, lui, ce qu'il a toujours dit. La vie, c'est parfois du rabâchage: un vieux malentendu sinistre qu'on passe son temps à révéler à de nouveaux malentendants. «La prison, redit donc Livrozet, est le réceptacle, le terminal de notre société injuste.» Un lieu pour pauvres, où on exclut les exclus. «Vous avez fait des conneries!» rappelle l'animateur. «C'était pas des conneries! répond Livrozet. J'ai toujours dit que le vol m'avait permis d'être aujourd'hui à cette table. Par ma naissance, j'étais destiné à souffrir et à crever, peut-être à gagner au loto si je me laissais piéger. Je ne suis pas fier, mais je ne regrette rien.» Il y a, chez lui, l'odeur du vieux gibier faisandé dans la révolte: ce fumet des années de combat, quand le moralisme sponsorisé et la peur du lendemain n'avaient pas encore désossé les discours. Face à lui, il y a un autre ex-taulard: le «VIP» Loïk Le Floch-Prigent. Le taulard grand style, celui