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Libération

Après coup. A contretemps.

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publié le 16 février 2000 à 22h47

Telle une chauve-souris royale et enjouée, le vieux spéléologue sort

lundi de sa grotte. Des caméras et des spots l'attendent à la sortie, tapissant la voûte de lueurs artificielles. Michel Siffre sourit casqué, puis lève la main en signe de victoire. Il a tenu plus de deux mois dans la caverne, pour la troisième fois en trente-huit ans. «Plus de 340 jours en tout!», rappelle-t-il. De longues pattes blanches tombent, comme des stalactites, autour de son visage sympathique. On dirait un vieux personnage de Jules Verne remontant, vers la fin du XIXe siècle, du centre de la Terre. Qu'a-t-il donc vu, là-bas, en-dessous? Quels monstres, quelles chimères? Il est bardé d'instruments d'analyse, dont une sonde qu'il «porte toujours dans le cul!» Ils nous apprendront peut-être quelque chose sur le cancer, la migraine. Mais, tout en bas, Michel Siffre a surtout rencontré le temps. Immobile, il a d'abord lâché la bride à notre temps: celui des gens actifs, pressés, des humains de surface qui s'agitent sous le ciel et se frottent les uns les autres. Il a égaré ce temps-là. Puis il en a trouvé un autre. Un temps pur comme l'eau souterraine, comme diamant à la mine: le temps à la grotte. Plus lent, plus" humain? Il retarde donc de quelques jours, de quelques heures. Mais, à peine sorti, le temps le rattrape, l'étreint, et de la manière la plus sauvage qui soit: audiovisuellement. Avant d'atterrir en direct dans le journal de France 2, il n'a même pas eu le temps, dit-il à Claude Sérillon, d