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Libération
Critique

Bach to Yo-Yo Ma. Un violoncelliste dans un taxi: coup de maître d'Atom Egoyan. «Yo-Yo Ma Inspired by Bach» (4): «Sarabande», téléfilm d'Atom Egoyan, Arte, 21 h 45.

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publié le 16 février 2000 à 22h47

«Yo-Yo, it's my first name («Yo-Yo, c'est mon prénom»)»,

précise-t-il au chauffeur qui s'obstine à l'appeler M. Yo-Yo. Le célèbre violoncelliste chinois, qui usine depuis trente ans sur les Suites pour violoncelle seul de Bach, est le héros consentant d'une série documentaire qui tente, depuis un mois sur Arte, de trouver un support télévisuel à sa musique. Quand le poste refuse de n'être qu'une grosse radio, ça l'oblige à se creuser un peu la nénette et c'est souvent intéressant. Chaque épisode associe le travail de Ma à celui d'un artiste d'une autre discipline (plasticien, architecte, sculpteur, chorégraphe"), qui, lui, produit de la matière tangible, donc visible, susceptible de se faire le véhicule aimant de l'immatérialité sonore. C'est ainsi que le violoncelliste se retrouve ce soir en train d'interpréter la Suite n° 4 dans une limousine immobilisée par un embouteillage, avec pour seul auditeur le chauffeur, qui le remercie d'être un «messager de Dieu». A quelles sortes de questions le cinéaste Atom Egoyan, puisqu'il s'agit de lui, tente-t-il de répondre à travers cette subtile fiction? Quelle est l'acoustique d'un taxi? A quoi sert la musique? Que faire de nos souffrances? Avec ce sens du détail bizarroïde qui n'appartient qu'à lui, et qui avait plutôt déserté son dernier film (le Voyage de Felicia), le Canadien construit une suite à six personnages dont la géométrie, d'une apparente confusion au début, se met soudain à converger vers une découverte essentielle à touj