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Libération
Critique

La Vie rêvée des anges. Canal +, 21 h.

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publié le 16 février 2000 à 22h47

D'avoir trop dormi pendant trop longtemps, il se réveillait de plus

en plus tôt après des nuits de sommeil de plus en plus courtes. Une sieste de douze minutes suffirait bientôt à son repos nocturne quotidien. Il alluma la radio pour voir si on ne parlait pas de lui. Toujours rien. La célébrité de ses confrères, comme ce voisin de page avec son nom en gros caractères, si souvent cité aux revues de presse du matin, l'agaçait. Il était jaloux. Qu'est-ce qu'il avait fait pour ne pas mériter ça, après des années de criticailleries cinématographiques, après avoir même côtoyé, adolescent, l'inventeur de la cinéfiliation cinéphilique, zappeur-penseur de première des médias modernes, selon ces mêmes médias modernes? Il ravala ses ressentiments vieillots, ses pulsions vieillardes, sa morbidesse soudain alanguie et décida de consacrer les quelques lignes qui lui restaient à la Vie rêvée des anges, le film qu'il avait choisi pour cette soirée du mercredi qui lui pesait toujours. Le film lui était indifférent. L'intéressaient seulement sa médiatisation triomphale si rapide et l'ennui qu'il avait ressenti à devoir le voir jusqu'au bout. Au fond, comme pour 99% de la production actuelle, on avait déjà tout appris, sinon tout compris, des quelques extraits que la télé avait passés en boucle lors de la sortie. Gouinisme ouvriériste, sentimentalité swing, pialatismes désuets ­ avec ces imperceptibles emprunts au pire du cinéma hollywoodien: Actor's Studio, cassavetismes, kazanismes ringards