«Ce qui intéresse les journalistes aujourd'hui, ce n'est plus de
remporter le prix Pulitzer mais d'accroître le nombre de connexions sur leurs sites Internet.» Pessimiste ou réaliste, ce récent constat du New York Times vaut désormais de ce côté-ci de l'Atlantique. Pionnier de la ruée vers le Web, le chroniqueur anglais Tim Jackson ouvrait la voie en 1997 en quittant le vénérable Financial Times pour créer un site d'enchères en ligne. Aujourd'hui, son QXL.com engrange 120 millions de francs de recettes annuelles, selon le magazine Forbes. De quoi faire rêver ses confrères français.
Ceux-ci sont en effet de plus en plus nombreux à tenter l'aventure «start-up» (entreprise lancée avec du capital-risque). Trentenaires ambitieux, ils séduisent les investisseurs avec des projets de sites de «contenu» (anglicisme douteux qui qualifie le mélange d'information et de communication généralement proposé sur le Web). «Nous recevons une dizaine de business plans par jour, bien plus qu'on ne peut en traiter, rapporte le capital-risqueur Christophe Chausson. Ce que j'aime chez les journalistes, c'est leur curiosité et leur capacité à rester généralistes. Ils savent monter des projets qui attirent l'attention.»
La double compétence fait aussi la différence. Rédacteur multimédia ou animatrice d'une cyberémission, tous avaient déjà un pied dans la Toile avant de monter leurs projets. Comme Tariq Krim, 28 ans, qui a quitté en juillet dernier son poste de correspondant à San Francisco pour la Tribu