Menu
Libération

La vie en pub. Faudrait pas prendre l'art pour du cochon.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 février 2000 à 22h43

Tel le teckel énervé (pléonasme) se branlant sur une jambe qui n'est

pas la sienne, la publicité court toujours après des images qu'elle n'a pas produites. Ainsi de l'art moderne, dont les publicitaires sont souvent de fervents collectionneurs (normal, ils ont les moyens, cf. la réputée collection du publicitaire anglo-saxon Saatchi) et qui est mis à contribution la plupart du temps pour vendre des automobiles (ça roule), ou du côté de Gilbert & George (pour le meilleur) ou de Soulages (pour le pire de la caricature, «j'en fais autant tous les matins dans ma salle de bains»). Et puis il y eut l'affaire «Picasso», avec cette fameuse Citroën Xsara signée du nom du célèbre peintre catalan, pas si pique-assiette que ça dans le fond puisqu'elle prend au pied de la lettre le désir public, ou plus exactement son encouragement à confondre Picasso avec une marque.

Trois autres exemples de ce pillage font actuellement rage. A commencer par la reconstitution en noir et blanc d'une des plus illustres photos de Doisneau, le Baiser de l'hôtel de ville. Sous forme du faux document d'archives restituant la circulation parisienne des années 50, une 406 Peugeot très contemporaine s'incruste en bleu pâle dans l'image. Au volant, un homme, et devant le café de l'hôtel de ville, une belle brune impatiente poireaute. Fort heureusement la Peugeot arrive à se garer entre une 2CV et une Traction, et l'homme se rue sur la femme pour lui rouler une pelle. Arrêt sur l'image qui se fond donc dans le clich