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Libération
Critique

Un jardin à l'ombre. Quand la verdure de la prison allège le poids des barreaux. «La Vie en face: un jardin en prison», documentaire de Sylvaine Dampierre et Bernard Gomez, Arte, 20 h 45.

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publié le 22 février 2000 à 22h41

Elle dit: «Il n'y avait plus d'interdits, il n'y avait plus de

questions, il n'y avait plus de soupçons.» Elle ajoute, elle avait pris l'habitude d'y aller tous les jours, même le dimanche et les jours fériés, les surveillantes ne lui posaient plus la question. Aujourd'hui, elle est sortie, libre, enfin pas tout à fait, elle est «en chantier extérieur», encadrée par un coordinateur, le salaire qu'elle gagne est reversé à la prison, elle doit être rentrée chez elle tous les soirs à 19 h. Elle est toujours la détenue 4482. Pour un peu, elle regretterait la prison. Son jardin. Cet espace qui lui a ouvert des «temps de sensations, une méditation» comme peut-être aucun autre lieu de l'extérieur. Elle a une voix calme, un peu triste, pour évoquer cet éden étrange, le jardin du centre pénitentiaire de Rennes. Dans ce jardin, peu de serpents. Un aumônier, le père Gabriel, possède les clefs de la chapelle qui mène au jardin. Des fleurs, des dizaines de fleurs que les détenues plantent, chouchoutent. Dans ce jardin, des voix s'élèvent pour dire le ras-le-bol de la prison. Tiens, par exemple, il n'y a pas d'homme et l'une d'entre elles n'aime pas cette absence. La voix d'un homme, elle aimerait juste entendre la voix d'un homme. Clair que le père Gabriel ne suffit pas. Pour dire qu'elles n'arrivent pas à accepter le geste qu'elles ont fait, comme Karine, condamnée à vingt ans de réclusion. Dans ce jardin, elles font presque ce qu'elles veulent. Pas comme dans la promenade où «il faut t