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Libération
Critique

Le Patient anglais. Cinéstar 1, 14 h 45.

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publié le 23 février 2000 à 22h39

Les frères Weinstein sont depuis longtemps, à travers Miramax, les

plus grands faiseurs d'auteurs de la planète libérale. Ces marchands d'art internationaux distribuent, pour presque rien, un supplément d'âme à une Amérique plouc qui se rêve en danseuse étoile anorexique. Ils ont d'ailleurs contribué, ils ont l'esprit large, au succès commercial et artistique de quelques «tarentineries» récentes, et aussi de Scream 2, que nous nous ferons un plaisir de descendre en grand style ­ on essayera, du moins ­ dans une petite quinzaine. Le Patient anglais leur va comme un gant, avec ses Berbères pittoresques et ses Britanniques poseurs, réunis par-delà les années dans un hymne académique à l'amour galant. Le world cinema, on le sait, sait être obscène quand il le faut, audacieux plus rarement. Ici, c'est avec la pire esthétique loukoum qu'on envisage le mélange des genres, le ridicule néobartokien étant atteint quand le héros se fait carrément critique folk, reprenant sa blonde qui confond ­ oui, oui ­ une mélopée arabe et un chant hongrois.

L'amour pour les cadavres qui parlent est incarné par Juliette Binoche, en voie de béatification/infirmière. L'oscar récompensa, on s'en souvient, ses maigres efforts de mère Teresa british. Joliment casquée, elle érotise frigidement un film pourtant pas chaud, qui erre entre ses deux passions d'infirmière: pour un «patient anglais», photogéniquement défiguré; et plus charnellement, pour un hippie sikh qui pose en Christ pré-Bettina Rheims netteme