Deux ans après la mise sur orbite éditoriale de la notion de
«harcèlement moral» avec le succès que l'on sait par la psychologue du travail Marie-France Hirigoyen, Envoyé spécial livre son enquête sur le sujet. Avec les effets de manche habituels du magazine (ralentis poisseux, bande-son claydermanisée et commentaire hyperdramatisé pour analphabètes audiovisuels), le reportage passe en revue plusieurs cas de persécutions dures ou molles, courtes ou longues, aux conséquences relativement «légères» (un arrêt maladie) ou carrément dramatiques (suicide). Exemples: une employée de Sécu tyrannisée par une cadre administratif, une aide-comptable mise au ban après une opération un peu longue, un responsable de formation qui se retrouve à l'étage 1 dans un cagibi à photocopieuse" Tous les milieux professionnels sont touchés, «à l'exception étrange des agriculteurs», comme le souligne la responsable d'une association d'aide aux victimes. Le film a le mérite de problématiser la difficulté de qualifier le délit de «harcèlement moral» (quelque part entre une gestion musclée et la volonté délibérée de mettre quelqu'un à la porte?) et le vide juridique qui existe en la matière. On mesure l'ampleur du casse-tête dans l'enquête contradictoire réalisée au sein d'un petite PME familiale. L'aide-comptable se fait opérer. La fille du patron fait l'intérim pendant son absence. Lorsque l'employée revient, elle ne fait évidemment plus l'affaire. Et les ennuis commencent. Tout en se situant du