Berlin, de notre correspondante.
Un mort à Berlin et une bagarre à trois à Cologne qui s'annonce aussi féroce: la guerre des gratuits fait des ravages en Allemagne. Le premier quotidien gratuit, lancé à Berlin, en octobre 1998, par deux informaticiens, 15 Uhr Aktuell («15 Heures Actuel»), a dû déposer hier son bilan. Robert Sidor, l'un de ses deux fondateurs, s'imaginait pourtant révolutionner la presse quotidienne: «D'ici à cinq ans, plus personne ne voudra payer pour un quotidien en Allemagne, assurait-il il y a quelques mois encore. La télévision, la radio ou l'Internet sont déjà gratuits. La presse écrite est le dernier bastion des médias qui n'a pas encore été touché par la mondialisation, où la concurrence ne peut vraiment jouer.»
«Concurrence déloyale». Lancé en octobre 1998 avec un tirage de 50 000 exemplaires, 15 Uhr Aktuell avait réussi à imposer ses 16 petites pages colorées dans le paysage des métros et des trains régionaux berlinois, portant son tirage jusqu'à 170 000 exemplaires. En un an, il était devenu le troisième journal le plus lu par les Berlinois, après les deux grands journaux payants de la ville, le Berliner Morgenpost et le Berliner Zeitung. En avril dernier, une édition locale avait été lancée à Hambourg, puis une autre en octobre à Munich.
Mais 15 Uhr Aktuell n'a pas résisté aux grands groupes, qui ont tout fait pour l'étouffer. L'agence de presse allemande DPA, contrôlée par les grands groupes de médias nationaux, avait refusé de le fournir en dépêch