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Libération
Critique

Dépoussiérage du dimanche. Enième analyse sémiologique des archives du siècle. «Le Club des archives», magazine, la Cinquième, dimanche, 16 h 35.

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publié le 26 février 2000 à 22h35

Vous reprendrez bien un petit coup de nostalgie? Après Frédéric

Mitterrand, qui a su porter le genre à son acmé, Patrick Jeudy, jadis compère du thuriféraire des étoiles, se lance. Chaque dernier dimanche du mois, il entreprend de nous ouvrir les yeux sur notre passé filmé; mais ici, pas de coup d'encensoir. Il est question, au contraire, de se méfier, car, apprenez ceci, «l'image ment» (sic). Tristesse et affliction. Prenez ces images de femmes en fuite filmées dans le nord de la France en juin 1940. En 1944, nouvelle exode, du côté des vaincus, et que voit-on? Les mêmes images des mêmes femmes. «On pourrait les imaginer allemandes dans Berlin anéanti, ou bien fuyant les chars soviétiques à Budapest», balance le commentaire qui en rajoute dans le pathos: «Ces femmes ont perdu jusqu'à leur propre histoire. Elles sont devenues les éternelles fuyardes d'un monde en guerre" Mais qui étaient-elles?» Dieu merci, on ne le saura pas. Mais le malaise s'installe face à cette dénonciation naïve d'un truisme: la liberté de montrer s'apparie fort mal à la logique de guerre. Pourquoi nous rappeler cette évidence sans démonter le mécanisme de l'information sous contrôle? Plus efficace, la séquence étrangement baptisée «les Enthousiastes», où des personnalités commentent des images qui leur sont livrées sans précision de lieu ni de date. Sur le marchepied d'un train, une femme prend un bébé que lui tendent deux mains d'homme. Jean Lacouture s'attendrit: le geste de «la main qui entoure la t