Comment en est-on arrivé là ? Libérés des clichés et agacements
actuels concernant «le problème corse», les réalisateurs, Marie-Ange Poyet et Jean Michel Vecchiet, sont revenus sur un point de l'histoire entre la Corse et l'Etat français, un épisode survenu en 1975. L'affaire d'Aléria. Un événement fondateur à plus d'un titre dont la compréhension éclaire les deux décennies qui suivront. Le film est un rappel des faits sans commentaire illustré d'images d'archives, sous le regard (d'aujourd'hui) des protagonistes d'alors, et surtout d'Edmond Simeoni qui fut le père d'un autonomisme corse.
Le 21 août 1975, une cinquantaine d'agriculteurs insulaires conduits par Simeoni (dirigeant, alors, l'Action pour la renaissance de la Corse) occupent la cave d'un gros viticulteur pied-noir, Depeille, à qui ils reprochent la chaptalisation du vin et une escroquerie financière. Dès le lendemain, 1 500 gardes mobiles donnent l'assaut: deux morts du côté des forces de l'ordre, un blessé grave chez les militants de l'ARC. Dans la foulée naît le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) et, avec lui, l'indépendantisme insulaire. Après Aléria, plus rien ne sera comme avant, dit-on.
Le film remonte le fil des choses. Depuis la lutte contre le projet d'une base d'essai nucléaire dans l'île en 1960 jusqu'au silence de l'Etat devant le déversement des déchets toxiques au large du cap Corse en 1972. «Nous avions le sentiment d'un abandon de la part de l'Etat français», dit un nationaliste. D