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Libération

La presse canadienne lâche le papier pour le Net. Un magnat vend 129 de ses 130 journaux et mise tout sur le Web.

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publié le 29 février 2000 à 22h33

Montréal, de notre correspondant.

C'est un peu l'histoire d'un gars qui, à la roulette, déciderait de tout miser sur le même numéro. Le 15 février, le magnat canadien de la presse Kenneth Thomson a annoncé la vente de ses 130 journaux ­ à l'exception du quotidien torontois The Globe and Mail ­ afin de rediriger tous ses efforts sur l'Internet. La nouvelle a fait sensation: Thomson Corporation fut naguère le plus important groupe de presse d'Amérique du Nord, et reste aujourd'hui le troisième groupe canadien du secteur. Son fondateur Roy H. Thompson, décédé en 1976 avec le titre de lord Thomson of Fleet, est une figure de légende. En1930, il démarre en vendant des postes de radio dans l'Ontario. Vingt ans plus tard, il rachète quinze journaux britanniques, dont le Sunday Times. En 1967, c'est au tour du Times de Londres (cédé à Murdoch en 1981).

Or, voilà que le fils Ken entreprend de chiffonner les rêves de papier journal de son paternel. Depuis déjà près de dix ans, le groupe se départit progressivement de ses journaux, cédant notamment une quinzaine de ses quotidiens au groupe Hollinger de Conrad Black. Parallèlement, Thomson a réorienté peu à peu ses activités vers les services électroniques et l'information spécialisée, plus lucrative. En 1996, l'entreprise a dépensé la bagatelle de 3,4 milliards de dollars pour acheter West Publishing, le premier service d'informations juridiques des Etats-Unis. Tant et si bien que l'information spécialisée compte désormais pour la moitié