Rappeler qu'un grand théoricien du cinéma, Jean-Pierre Oudart, avait
osé en son temps une démolition en règle du Dernier métro, salué, à l'époque, comme un très grand film populaire français. On refit quelques années plus tard le même coup médiatico-critique avec un autre film tout aussi fade et consensuel, On connaît la chanson, comédie populiste de Resnais, qui doit être bien embarrassé pour lui trouver une suite. L'article d'Oudart parut à l'époque dans un curieux magazine, le Cinéma des événements, tentative inédite alors de «documentariser» l'actualité.
Georges-Marc Benamou, qui s'y connaissait déjà en autopub, était à la tête de cette première version sauvage, et plutôt digne, de l'Evénement du jeudi. Quelle était la thèse de JPO? Il s'agissait d'affirmer haut et fort que la France n'était pas complètement «dépétainisée», que le Maréchal avait encore ses joyeux supporters, qui auraient été horrifiés d'apprendre qu'«ils en étaient», que la France n'aimait toujours pas ses juifs, et que plus d'un artiste, sans même le savoir, était collabo (oui, oui, collabo).
Article pénétrant, mal pensant, qui valut à Oudart d'être excommunié des Cahiers du cinéma en moins de temps qu'il faut pour le dire. Il s'en est remis. Il est des choses dont on se remet toujours. Film de planqué, film provincial, film clouzotien, le Dernier Métro représente exactement, au fond, cette «Qualité française» que Truffaut avait violemment brocardée dans un célèbre texte de jeunesse. Qu'il suffise de dire