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Libération

La vie en pub. Marx attaque.

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publié le 11 mars 2000 à 22h55

Puisqu'il ne passe guère un instant où, croisant le spectacle de

l'inutile, notre regard ne bute sur du «N'importe quoi-Point Com», la web-publicité doit pour se singulariser faire sa maligne. Et de se ruer en masse vers ce qui semble l'antipode le plus radical au nouveau communautarisme affiché: à savoir, pas besoin de griller trop de neurones, ce bon vieux communisme. Que l'on voit donc massacré dans deux campagnes jumelles mais rivales. Ainsi de Selftrade, site de transactions boursières, qui, en même temps qu'il attaque par voie d'affichage (une faucille et un marteau en or massif et diamants incrustés, autant dire place Vendôme contre place Rouge), pilonne aussi à coups de spots télé supposés finauds. Tandis qu'une voix off égrène une soi-disant objectivité des faits («Chaque jour 150 000 Français se connectent sur Internet pour connaître les cours de la Bourse, acheter, vendre"» etc.), l'image nous fait plonger vers une pierre tombale agitée de soubresauts. Au cas où on n'aurait pas compris, avec la subtilité d'un marteau-piqueur, la voix nous dit: «Il y en a qui vont sûrement se retourner dans leur tombe.» Encore plus subtil, il est gravé dans la pierre que cette tombe est censément celle de Karl Marx (1818-1883). Ce qui est faux bien sûr, ils n'ont quand même pas été foutre le bordel d'un tournage de pub dans le cimetière londonien où Marx est enterré. Mais ce qui mérite la tornade de paires de claques, c'est une falsification d'une autre envergure. Cet esprit, plus