Menu
Libération
Critique

Les Liaisons dangereuses 1960. Cinétoile, samedi, 0 h 30.

Article réservé aux abonnés
publié le 11 mars 2000 à 22h55

Le roman épistolaire de Choderlos de Laclos a connu bien des

déboires sur le grand écran (1), à commencer par cette désastreuse adaptation signée Roger Vadim. Proposition 117 pour une axiomatique du cinéma: les libertins font rarement de bons films sur le libertinage. Car, étrangement, Vadim ­ serial marieur s'il en est ­ passe à des milliers de kilomètres de son sujet, comme s'il ne trouvait aucune inspiration dans ces malicieuses histoires de coucheries (ou plus sûrement parce que son «métier» de cinéaste n'était pas à la hauteur de ses ambitions). Pas une flamme, pas une étincelle. Le film bande mou. Les Liaisons dangereuses 1960, transposition du livre dans la France «moderne», n'en constituent pas moins un étonnant document sur la fin des années 50. Le casting d'abord: Gérard Philipe en Valmont, la jeune Jeanne Moreau en Juliette et aussi Boris Vian dans de courtes apparitions. L'ambiance ensuite, qui se voulait sulfureuse et qui semble bien anodine aujourd'hui. Si le film a fait un mini-scandale lors de sa sortie (Vadim était coutumier du fait), on le verrait bien désormais en prime time sur Disney Channel. La musique enfin et surtout: la mode pour les films français était alors d'aller pêcher un fond jazzy chez les meilleurs musiciens américains (Miles Davis dans Ascenseur pour l'échafaud, pour n'en citer qu'un). Ici se produit quelque chose d'ahurissant: c'est à Thelonius Monk qu'on va demander la musique! Qui ça? La vie est mal faite: de ce côté-ci de l'Atlantique