La fascination pour le Nord (Xavier Beauvois, Bruno Dumont"), la
beauferie, la violence, l'approche socio-cul minimaliste et bien-pensante, la figure de l'Autre incarnée dans le cinéma français de manière récurrente et facile par le beur de service. Ainsi décrit, Karnaval, de Thomas Vincent, a tout d'une tête à claques. On dirait même que par un effet mimétique entre leurs conditions de production et leur sujet, nombre de films français, notamment premiers, ont tendance à dresser des autels aux «exclus» et autres «vraies gens» parce qu'eux-mêmes sont fauchés et dénués encore de toute reconnaissance. Donc, quand d'un canevas en apparence aussi convenu jaillit un film à l'exotisme intact, à la tendresse sincère et à la mise en scène brillante, on ronronne de plaisir. D'ailleurs, c'est de plaisir qu'il s'agit, celui, oublié, de la fête collective, de l'ivresse qu'elle procure, des débordements qu'elle permet, de l'extra-ordinaire qu'elle appelle. De ce dont manquent de plus en plus cruellement nos sociétés hygiénistes, individualistes et virtuelles. C'est la fête à Dunkerque, c'est carnaval, l'accent chtimi, la bière et les vannes à la con coulent à flots dans les rues bariolées et chantantes. Béa commence à ployer sous la charge d'un mari lourdaud (un peu con, un peu violent, un peu macho, très banal) lorsqu'elle rencontre Joël, belle gueule futée d'origine immigrée en rupture de ban. Coup de foudre, début des emmerdes. Tout au long d'une nuit bien arrosée, Béa coupée en deux: