Jadis, en France, il y avait dans la bonne société des salons. Les
meilleurs esprits s'y réunissaient pour faire des mots, des phrases, jamais de discours (trop long, trop lourd), sur ce qu'on n'appelait pas encore l'actualité, culturelle ou autre. Il fallait être vif, bref, drôle, pertinent et impertinent. Aujourd'hui, à la télé, il y a sur Paris Première, chaque soir à 19 h 30, le salon culturel du marquis d'Ardisson: Rive droite, Rive gauche. Vêtu de noir et filmé de face, Thierry, marquis d'Ardisson, hante les écrans depuis vingt ans. Il a connu des hauts, des bas, fruits d'une jeunesse insolente et bavarde. A cinquante ans, il a enfin créé son salon, c'est le bon âge, en adaptant au petit écran cette tradition française qui remonte au XVIIe siècle et dont il devait rêver depuis longtemps. Le lieu est idéal: une chaîne parisienne et câblée, comme entrouverte au peuple. Il fallait ce boudoir: on n'imagine pas un salon à Versailles, à la Bastille, ou sur TF1. Le décor, ensuite: sous les rangées de spots nus, un fond bleu Giotto, terre de Sienne et gris perle; les couleurs d'une Italie où les privilégiés, le printemps venu, vivent d'art, d'amour et de portables dans des villas toscanes. Enfin, les habitués: tout salon a les siens. Ils fixent son intérêt et sa réputation en y jouant, au mieux, le rôle qui leur échoit. A «RDRG», comme dit le marquis, il y a donc un «petit clan». Elisabeth, reinette de Quin, est une chatte osseuse et espiègle. Sa voix est chaude. Sa fonction es