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Libération
Critique

Postmoderne. Landru. La Cinquième, 16 h 25.

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publié le 20 mars 2000 à 23h28

Revenir en douce, sur la pointe des pieds. Faire mine de rien, comme

si rien ne s'était passé. Oublier les outrances et les invectives. Essayer de rentrer dans le rang. Dire, par exemple, qu'avec Chabrol s'écrit une certaine histoire du cinéma français, à la fois sérieuse et inconséquente, rebelle et bourgeoise, atypique et convenue. Surtout ne pas expliquer pourquoi on choisit Landru comme film du jour alors qu'Inspecteur Lavardin passe en prime time pour la 800e fois (20 h 55, France 3). Laisser une marge de manoeuvre au spectateur, cette ménagère insomniaque qui confond souvent la bonne chère et les chères bonnes ­ d'autres, après tout, se sont égarés sur ces mêmes chemins; d'autres se sont pris pour Hitchcock à s'en faire éclater la panse; d'autres ont cru que le cinéma pouvait, lui aussi, poursuivre comme si de rien n'était. Tout le monde peut se tromper, n'est-ce pas? Etre postmoderne n'est pas à la portée du premier venu, après tout.

De Landru, on rappellera d'abord qu'il fut en 1963 un gros succès commercial pour Chabrol, quelques années seulement après son premier best-seller, les Cousins. Derrière ce succès voyeur (qui n'a pas envie de voir Landru à l'oeuvre?) se cache en fait un film à la beauté lisse, à la limite de l'aphasie, qui donne la parole (si tant est qu'on puisse parler de parole à propos de ces dialogues fermés, obtus) au seul disciple crédible de Jules Berry, l'étonnant Charles Denner, un acteur que la normalisation grandissante du cinéma français priv