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Libération
Critique

Artistes et modèles. Cinétoile, 22h40.

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publié le 22 mars 2000 à 23h24

Dans le bel hommage de Cinétoile à Jerry Lewis, le grand oublié est

Dean Martin. Impossible d'imaginer aujourd'hui l'équivalent de ce duo bien plus inattendu qu'on ne le croit. Comme si Jim Carrey s'accouplait pendant une petite dizaine d'années avec Johnny Depp ou quelque chose d'approchant, un Johnny Depp qui aurait la voix de Frank Sinatra et les manières de Mario Lanza. Comme si un séducteur-né servait de faire-valoir, en y mettant toute son énergie, tout son sérieux, tout son désespoir, à un comique infantile, répétitif, désespérément teenage. Aujourd'hui encore, Dean Martin est une énigme. Ce type a fait trop de choses dans sa vie pour laisser de lui une image qu'on puisse cadrer. Au moment de ses associations avec l'increvable Jerry, il était déjà un crooner de première, gravant sur vinyle un extraordinaire hybride de Bing Crosby et d'opérettes napolitaines avec un sens de la fusion déjà world. Ecouter d'urgence les deux coffrets Bear Family qui détaillent ses chefs-d'oeuvre Capitol autant que ses plantages roucouleurs. Accompagner d'un vrai Wild Turkey à 53° et d'un ou deux chapitres de Dino, le beau livre de Nick Tosches qui se cogne avec une belle fureur à l'un des personnages les plus énigmatiques du cinéma et de la chanson. Artistes et modèles (1955) est le plus célèbre film de Dean Martin et de Jerry Lewis, et sans doute le plus beau. Frank Tashlin s'y livre à une parodie admirative de l'univers des comics, un univers qu'il explorera de plus en plus de film en