Un jour elles se révolteront. Elles diront ça suffit. Elles
demanderont: «Pourquoi souffrons-nous autant à l'écran?» Pourquoi toujours du drame, du désespoir? Parce que c'est la réalité? Et s'il fallait changer d'images pour changer la vie? Les femmes ont besoin d'être moins femmes pour l'être mieux, mais la télé les ramène toujours à leurs chaînes. La souffrance des femmes fait de l'Audimat, celle des hommes on ne sait pas, le contrat social depuis la nuit des temps veut que la première se hurle sur les toits tandis que la seconde, chut, silence et dignité. Partage figé des tâches. Ce soir, une grande actrice, une de celles qui font exploser les coutures des rôles, sous nos yeux ébahis change du plomb en or. Dans la Vérité Vraie, un de ces téléfilms qui prostituent la douleur (avec pudeur et tact il est vrai, intelligence et talent sans doute aussi), Béatrice Dalle réussit, les doigts dans le nez, l'exploit d'être une pute qui élève seule son fils de neuf ans tout en ayant les services sociaux aux fesses et une tumeur dans la tête. Il est difficile de dire si c'est sa voix, son regard, sa vision profonde des choses ou bien toute sa chair instinctive qui propulse le mélo bien au-delà du pathos, dans une zone inconnue où acceptation, colère et indifférence à la mort se livrent un curieux combat. Il y a une manière d'hyperprésence et de rien-à-foutre chez Dalle qui déconnecte l'émotion de toute sentimentalité, un mélange d'extrême douceur et de rire jaune qui transforme le dial