24 juillet 1999, dans un petit village du Kosovo. Quatorze paysans
serbes viennent d'être tués au nez des forces de l'Otan. Bernard Kouchner, représentant spécial de l'ONU dans la province depuis dix jours, arrive. Il visite les familles des victimes en compagnie des autorités religieuses. Discrète, une petite équipe de télévision le suit. Elle ne s'attarde pas sur le chagrin des femmes ou la colère des hommes. Son sujet: Bernard Kouchner aux prises avec le Kosovo.
Neuf mois plus tard, le résultat est là. Remarquable. Le réalisateur Richard Puech ne juge pas, il montre. Le film ne conclut rien, n'instruit aucun procès, et se garde de donner dans le mélo. L'équipe de Capa a suivi Bernard Kouchner depuis son arrivée le 15 juillet, jusqu'au réveillon du jour de l'an. Au total, cent jours passés avec lui sur le terrain.
La caméra entre partout. Dans les réunions de la direction de la Mission des Nations unies (Unmik) où les désaccords sont souvent vifs. Dans les rencontres secrètes avec les dirigeants albanais. Kouchner et le général Jackson. Kouchner et Kofi Annan. Kouchner et Mgr Artmeje, l'archevêque serbe. Kouchner hurlant contre sa secrétaire ou son garde du corps qui a perdu ses valises. Kouchner cherchant un appartement à Pristina («Trop cher, madame»). Kouchner et son anglais incertain («They are savoning the planche"»). Au fil du reportage, son visage se creuse, le découragement gagne («Mieux vaut en rire, sinon c'est l'attaque cardiaque»), ses colères deviennent de plus