Pascal Comelade est un oiseau rare et discret. Le Catalan enclin à
la paresse a attendu vingt ans avant d'être révélé par l'Argot du bruit et ses collaborations avec P.J. Harvey en 1998. En début de film, on l'aperçoit un bref instant enfermé dans un studio radio parisien, traqué derrière ses rouflaquettes, laconique sous le feu des questions, disant oui et pensant «qu'est-ce que je fous là?». La séquence ne dure pas une minute. Exit Paris, direction Fillols, au pied du mont Canigou (Pyrénées-Orientales), où perche l'artiste. En prenant son temps, au grand air parmi chèvres et cochons, le film tente de pénétrer l'univers du «type avec son petit piano qui fait de la musique minimaliste». Cette réputation qui lui colle aux tiags biseautées «le fait chier», lui, rocker éclectique épris de Zappa comme de Satie. Malgré tout, il ne peut s'empêcher d'exhiber de sa malle à malices pianos miniatures et trompettes en plastique. Puisque ces antiques trophées décrivent mieux que les mots ce qu'il exprime en musique: «L'éclatement de tout, le chaos!» Ainsi en live, sérieux comme un pape, s'amuse-t-il à déstructurer Honky Tonk Woman des Stones ou Begin the Biguine de Cole Porter. On est prévenus, «à la différence des anchois», Comelade ne garde que l'arête des standards qu'il se rapproprie et «jette le mangeable». Il est juste à la marge, préfère Jarry et Allais à Balzac, s'est cultivé en bouffant du dico, et à la limite, selon un ami peintre, fait de «la musique prête à jeter à la poubell