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Libération
Critique

Woodstock. Cinéfaz, dimanche, 22 h 30.

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publié le 25 mars 2000 à 23h17

On replonge, trente ans après, dans les fameux «trois jours de paix

et d'amour» avec l'idée de s'en moquer gentiment. Erreur! L'émotion nous ressaute à la gorge comme hier. Air con et yeux picotants, on se joint à 500 000 personnes pour fredonner avec Country Joe: «One, two, three" What are we figthing for?» Mais qu'y faire? L'été 1969 fut, aux Etats-Unis, un sacré moment du XXe siècle. Euphorie des premiers pas américains sur la Lune, angoisse lancinante du Vietnam, éclosion du Flower Power. De plus, Woodstock le film n'est pas un document mineur. Ces trois heures captées par Michael Wadleigh et sa nombreuse équipe (dont Martin Scorsese, assistant à la réalisation et au montage) traitent l'événement à la bonne distance: nulle ou presque. Comme tout le monde là-bas, le film est débordé par le cours des choses. Il se contente de témoigner d'un miracle: comment des centaines de milliers de personnes ont-elles pu survivre en rase campagne dans un tel bordel? Woodstock use et abuse du «split-screen» (écran divisé en deux voire en trois). Cela reste toutefois supportable.

C'était la fin d'une époque mais, au moment de la sortie du film sur les écrans français, on ne le savait pas encore. Quatre mois après Woodstock, il y aura Altamont, qui sonnera brutalement le glas de l'innocence. Ce concert organisé près de San Francisco, avec les Rolling Stones en guest stars, sera heurté et violent, les organisateurs ayant eu la douteuse idée de demander aux Hell's Angels d'assurer le service