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Libération

Après coup. Hitler (bis).

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publié le 30 mars 2000 à 23h12

Sur la façade du beau pavillon de la Sécession, au centre de Vienne,

un artiste a peint sur de la toile trois énormes têtes. La première, c'est Toto en jaune: rond de lune, sourire, le tout en couleur canari. La seconde, c'est toujours Toto, sorte de Charlie Brown à la joie vide, mais le jaune a disparu. Sur la troisième, l'artiste a simplement rajouté une mèche et une moustache brune: c'est Hitler. Au-dessous, une phrase: «Smile, it's nothing!» «Souriez, ce n'est rien!» Comme on dit, ça pète. Cette image ouvre le bien-pesant documentaire d'Arte (mardi, 21 h 40) consacré à la «révolte» des artistes contre Haider. La caméra montre des Viennois pressant le pas, l'oeil sur le trottoir, devant Toto Hitler qui sourit. Ça doit être pénible, quand on est autrichien de Vienne, de croiser tous les jours ce triptyque sur le chemin du boulot, à l'aller et au retour. Et ça rappelle l'un des grands moments de ces dernières semaines, vu également sur Arte: cet acteur autrichien qui, pour faire réagir, arriva, le soir du Bal de l'Opéra à Vienne, parfaitement déguisé en Hitler. Il avait la moustache, la mèche et l'uniforme: un sosie, un fantôme. Il ne faisait pas le clown: il venait, comme les autres, en habit de parade; mais son habit c'était Hitler. C'était un Hitler quotidien, non un guignol. Cette apparition rendit fous les bourgeois venus se montrer et danser: cris, coups, insultes, police et arrestation du comédien, dans la meilleure tradition du coup surréaliste. Quelques jours plus