Des cafards courent sur un mur immonde. «Difficile de trouver un
endroit plus sale», atteste le journaliste qui commente sa visite. Ce sont les douches des prisons de Lyon, Saint-Paul et Saint-Joseph. Un gamin de 16 ans gît sur le lit de l'infirmerie, il a voulu se couper la carotide avec une fourchette agrémentée de bouts de verre: «J'étais angoissé, je voulais retourner au foyer.» Des détenus marchent dans un boyau. C'est la «cour» de promenade, recouverte d'un filet de sécurité retenant prisonnier un tas de détritus. «C'est pas des promenades, ça», atteste un promeneur. De l'eau inonde les couloirs, un surveillant montre: «Ça fuit là, ça refuit là, ils font des réparations, mais y'a rien qui tient.» Les coursives retentissent de poings qui frappent aux portes des cellules. «Toute la journée, c'est toc, toc toc. Il y en a un qui m'appelle juste pour que je sois près de lui», soupire le gardien. Au quartier des mineurs, un surveillant tâche tant bien que mal de calmer Julien, 18 ans, qui venait d'être incarcéré pour deux mois. Dans la cellule «arrivant», les trois autres se sont jetés sur lui, l'ont frappé, lui ont rasé la tête. Ça a duré toute la nuit. Julien a crié, personne n'est venu. Et puis il y a les suicides, sept l'an dernier, dont cinq au mitard de Lyon. Une association s'est constituée, deux familles ne croyant pas à la thèse du suicide ont porté plainte et «l'indifférence, l'inhumanité de l'administration pénitentiaire et du parquet a conforté leurs doutes»,