«Faut-il gueuler pour se faire entendre?» Pour (ne pas) répondre à
cette question sans doute destinée à augmenter son cholestérol d'audience, Michel Field a regroupé mercredi, dans la Marche du siècle (France 3), les habituelles gargouilles des plateaux. Et naturellement, c'est plat. Ces rois du six-coups de gueule ont, ce soir, laissé les flingues au vestiaire. Ils se neutralisent les uns les autres. Ils s'ennuient comme si, collectionnés en masse, ils prenaient soudain conscience des limites de leur personnage, guettés par une sorte de gâtisme audiovisuel. Ils savent qu'on les a vus dix fois, cent fois, vu aussi tous les «happenings» que Field nous repasse comme Arthur le samedi soir sur TF1: tous ces «moments» qui, à force d'être rediffusés, ont fait de la télé populaire l'une de ces petites vieilles qui, toujours, répète à ses enfants les deux ou trois mêmes histoires: à quand la tombe? Il y a donc la députée RPR Roselyne Bachelot, toucan charnu et circonspect qui promène son humeur apparemment bonasse de cage en cage: les autres ne cessent d'écorcher son brave nom («Bouchelot», «Charlot», «Martine Bachelot»), par ignorance ou par malignité; mais on a beau lui arracher quelques plumes, le toucan reste digne. Il y a le réalisateur Jean-Pierre Mocky, vieux chien d'image de plus en plus enragé, et le photographe cynique et souriant de Benetton. Il y a l'animateur de cuisine Jean-Pierre Coffe, vieille poule au pot qui brusquement nous demande: «Qu'est-ce que j'ai réussi à fai