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Libération
Critique

Vingt ans après, exil ou prison.

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Réflexions sur une page noire de l’histoire italienne.
publié le 14 avril 2000 à 0h04

Sur le terrain de foot, ils se retrouvent comme tous les dimanches depuis vingt ans. Les scores s’affichent: Exilés politiques italiens 1/Reste du monde 6. «Il y a encore quelques années, nous jouions avec les exilés d’Argentine, ceux d’Iran ou du Brésil, mais ils sont tous retournés chez eux. Et nous, nous sommes encore là.» La petite équipe en short est la seule frange organisée de ces quelque 150 exilés politiques italiens aujourd’hui encore à Paris, après les «années de plomb»: l’activiste décennie 70 qui s’est achevée par l’assassinat, en 1978, du leader démocrate-chrétien Aldo Moro. Des «lois spéciales» furent votées, 6 000 militants ­ «terroristes» et opposants mêlés ­ seront emprisonnés et des centaines s’exileront. Chaque exilé parisien, lesté de sa condamnation (entre sept et vingt-quatre ans de prison), a vécu sa vie, «pris ses distances avec l’Histoire», comme le dit Toni Negri (qui est retourné purger sa peine il y a deux ans). Vingt ans après, ces «bannis», en écho avec de jeunes Italiens d’aujourd’hui, posent le problème de l’exil. Au bout du compte, fut-ce une liberté ou une peine? Et où la réparation peut-elle se situer? «Les victimes comme nous-mêmes sommes prisonniers de ce qui s’est passé, explique Raffaele. N’est-il pas temps d’aborder le problème de l’amnistie? Pour tous, il est nécessaire de refermer ce chapitre de l’Histoire.» Et ce, en commençant, comme ici, par le relire.

(1) Rediffusé samedi à 16h50 et dimanche à 18h35.

«Les Exilés des années de plomb», documentaire d’Osvaldo Verri et Raffaele Ventura. Planète, 13h15 (1).