Il est mignon. La seule chose indiscutable dans la Vie est belle,
c'est que le gosse est craquant. C'est lui qui gagne, à la fin, au-delà des discussions esthétiques ou morales sur le droit de représenter ou pas ce qui se passait dans les camps de concentration, quelques heures avant l'entrée dans les chambres à gaz. On a reproché au film sa joliesse, son irréalisme. Plus cru, il eut été carrément obscène. On aimerait bien avoir les certitudes de ceux qui ont encensé ce film (oui, il fallait oser) ou de ceux qui l'ont démoli («ça» ne se représente pas). Pour dire les choses comme elles sont, nous, on ne sait pas. On peut juste dire que la Vie est belle n'est pas un très bon film, qu'il n'est ni très émouvant, ni très drôle. Le môme, lui, est beau comme un Pinocchio. A part ça, on rappellera quand même que Roberto Benigni ne manque pas d'aplomb. Pas pour avoir fait une comédie concentrationnaire, ça, c'est dans l'air depuis le film inédit de Jerry Lewis, le Jour où le clown a pleuré (qui est probablement très mauvais), mais bel et bien pour avoir eu l'idée tordante de soulever à bout de bras le nain italien qui présidait le jury du Festival de Cannes cette année-là.
L'audace de Benigni est d'abord cinématographique. Pour un type aussi respectueux des grands maîtres, qui commence par citer Renoir (la Josefa piquée par une guêpe de Toni), avant de rendre hommage à Chantons sous la pluie et Rome, ville ouverte, embrasser aussi irrésistiblement Scorsese demandait sans doute plus de