Pour les producteurs de fictions télé, c'est dans les vieux pots

qu'on fait les meilleures bouillabaisses. France 2 a donc engagé Roger Hanin, l'acteur le plus populaire du petit écran, et Nicolas Ribowski, le réalisateur du non moins populaire Navarro pour tourner le remake de la trilogie Marius, Fanny, César, une «pagnolade» devenue patrimoniale ­ et pas seulement à Marseille. Plus de soixante ans séparent les films de leurs copies télévisuelles, mais la modernité est clairement du côté des années 30. Les films réalisés par Alexandre Korda, Marc Allégret et Marcel Pagnol ne faisaient rien pour dissimuler leurs origines théâtrales. Les téléfilms de Nicolas Ribowski veulent se donner des allures de cinéma avec des extérieurs d'autant plus vains que les décorateurs semblent avoir pillé le musée des Arts et Traditions populaires ­ le Vieux Port est aussi figé et propre qu'un stand d'exposition! Cela s'arrange un peu dans le deuxième épisode (demain soir), notamment grâce à la pitchounette Gaëla Le Dévéhat en Fanny et à l'impeccable Henri Tisot en Panisse, mais l'ensemble dégage une impression de mollesse d'autant plus surprenante que les dialogues de Pagnol sont, eux, plutôt pêchus. L'autre gros problème tient à Roger Hanin, en passe de devenir le Gabin de la télé française avec son sempiternel numéro de cabotin en roue libre. Navarro a visiblement bien potassé son assent, mais chassez le naturel pied-noir il revient au galop: son César fait davantage penser à Robert Castel qu'